FAIRE (APPARAITRE LA) TAPISSERIE

 

A partir d’une matieÌ€re collecteÃŒÂ�e, je tisse des carnets remplis de tout et de rien.

« Toucher aÌ€ tout, nous explique Jean-Christophe Bailly, c’est peut-eÌ‚tre reÃŒÂ�pondre aÌ€ tout ce qui nous touche. »

Tout peut servir.

Les choses ramasseÃŒÂ�es au fil des ans, les trouvailles, les papiers, la laine, les tissus, les fragments, les rencontres, les expeÃŒÂ�riences, les souvenirs, les artistes aimeÃŒÂ�s, les lieux habiteÃŒÂ�s, ceux que l’on a quitteÃŒÂ�s.

Je tiens à jour mes carnets par le geste recommence�.

Je tisse

La tapisserie disparue,
Les papiers-peints de l’enfance,
Les traditions textiles,
Ce qu’elles me disent de leur langage, de leur technique, de leur origine, Je deÃŒÂ�tourne leurs motifs, leurs usages.
J’explore la poeÃŒÂ�sie de leur fragiliteÃŒÂ�, de leur usure

J’emprunte aÌ€ l’histoire de l’art, aux maiÌ‚tres, aux paysages,

Et je m’eÃŒÂ�chappe entre les fils:

J’ enroule / Je deÃŒÂ�roule. Je tends / Je deÃŒÂ�tends. J’ emmeÌ‚le / Je deÃŒÂ�meÌ‚le

J’ourdis.

Je de�vide
Je mets en pelote
Je fais tourner
Je couds / Je de�couds. Je monte / Je de�monte

J’aborde la couleur par la sensation, je cherche les nuances, les vibrations, Matisse: « Le rouge est ce qui permet de voir les choses ensemble. »

Le blanc sacreÃŒÂ� de Gleb,« J’ai mis le jour dans la nuit. »
J’ eÃŒÂ�chantillonne, je doute, je rate...
J’ y retourne,
Je reÃŒÂ�peÌ€te le geste, les carnets s’empilent, la collection se forme

Lentement.

Tisser c’est aborder le temps autrement.

Et la tapisserie apparaît.